La question de la disparition des likes sur Instagram intrigue les utilisateurs des réseaux sociaux, et moi la première. Comment une plateforme sociale dont tout le fonctionnement semble graviter autour de cette fonctionnalité peut décider de s’en séparer ?

Ce changement est actuellement testé dans 8 pays, dont les Etats-Unis d’Amérique, rien que ça ! Il ne se réduit pas d’ailleurs à la dissimulation du nombre de likes mais également à celle des compteurs de vues.

Edit du 15/11/2019 : La nouvelle est sortie ce matin, le déploiement commence en France !

Il vous sera toujours possible de consulter le nombre de likes de vos publications mais pas celui des personnes que vous suivez. Par contre, on pourra voir la liste des personnes qui ont liké un contenu et donc, à vue de nez, d’évaluer sa popularité.

Ce qui m’étonne le plus, c’est avant tout que cette initiative n’est pas portée par les utilisateurs et leur éventuel ras-le-bol de la pression du like. Derrière cet énorme changement, il y a une vision. Nous allons essayer de décrypter un peu le pourquoi du comment de cette petite révolution.

 

Pourquoi mettre fin aux likes ?

Mia Garlick, directrice de Facebook Australie et Nouvelle, a affirmé : « Nous voulons que vos amis se concentrent sur les photos et les vidéos que vous partagez, pas sur le nombre de likes qu’elles récoltent.» 

Cette évolution pourrait très sérieusement voir le jour également sur Facebook et intéresse Twitter.

Les raisons évoquées sont :

  • Réduire la pression associée au nombre de likes et de remettre le contenu au premier plan et non sa popularité. Il est vrai que des études ont mis en avant l’impact négatif de cet aspect des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents.
  • La fin de la chasse aux likes pourrait également réduire les pratiques contraires à leurs conditions générales d’utilisation : création de faux comptes, robots et compagnie.
  • Permettre aux utilisateurs de recentrer leur usage et de mieux communiquer avec les gens qu’ils aiment.

Concernant ce dernier point on est à mon sens dans la bienveillance washing ou kind washing (appelez-ça comme vous voulez). On fait ça parce qu’on vous veut du bien. On retrouve la même logique avec les mesures prises pour informer les utilisateurs sur le temps passé sur ces réseaux sociaux.

C’est peut-être mon côté complotiste refoulé, mais les raisons officielles, bien que pleines de bonnes intentions, ne me paraissent pas suffisantes pour impulser un tel changement.

Les cellules grises de ces firmes semblent avoir une vision spécifique et vouloir orienter les comportements sur leurs outils dans une certaine direction. Un usage plus sain, moins compulsif et donc plus qualitatif pourrait être plus pérenne et donc assurer une plus grande longévité à ces médias sociaux.

Des questions demeurent

En théorie, ça paraît logique, mais des questions demeurent.

Comment savoir qu’un contenu est de qualité s’il n’y a pas cette approbation d’autrui très ancrée dans nos habitudes et qui se manifeste par ce clic sur un petit cœur ou un pouce ?

On peut légitimement se poser la question d’une éventuelle baisse de l’engagement des utilisateurs sans ce petit jeu que l’on pratique tous plus ou moins consciemment du « Je te like, tu me likes ».

Et les algorithmes qui font la pluie et le beau temps sur notre popularité virtuelle, reposeront-ils toujours autant sur le nombre de likes ou de « j’aime » ? Oui, bien évidemment ! Mais ne seront-ils pas (encore) moins pertinents ?

 

En supprimant le like sans le supprimer, sans lui retirer son poids, notamment dans l’algorithme, il peut se produire un second effet kiss-cool contre-productif : pousser les utilisateurs à faire des pieds et des mains pour maintenir leur nombre de likes actuel et mettre en place tout un tas de stratégies plus ou moins farfelues. Ce faisant, le risque est grand qu’ils se focalisent plus qu’avant sur ce système en cherchant à le contourner. C’est balot.

Allez, je suis mauvaise langue. En vrai, je suis très curieuse de voir où tout ça va nous mener et surtout de comprendre vers quelle destination nous dirigent les décideurs de ces géants du web.